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J’ai retrouvé ce billet dans mes archives, et il a peut-être déjà été publié sur syfantasy.fr. Comme le site n’est plus dispo, je ne peux malheureusement pas vérifié.
Ce recueil de nouvelles de Jean-Philippe Jaworsky publié chez Folio SF est une réédition d’un recueil de 5 nouvelles parues pour la première fois aux éditions Hélios en 2015. Cet ouvrage s’ouvre par un avant-propos de l’auteur qui nous donne du contexte sur ces récits et leurs parutions avant de nous plonger à nouveau dans son univers à l’époque de la guerre des Grands Vassaux. Nous redécouvrons “le Vieux Royaume”, de Ciudalia au Royaume de Léomance, aux côtés d’humains, d’elfes et même de nains.
La première nouvelle, éponyme, comblera les fans de « Gagner la guerre », autre roman culte de Jean-Philippe Jaworski. On y suit en effet un maître assassin chargé d’une tâche de monte-en-l’air, voler un livre. L’écriture est plaisante, rythmée et l’on y retrouve toute l’énergie nous ayant fait aimer Benvenuto Gesufal. Un peu trop, peut-être, et il manque un véritable retournement de situation pour être vraiment comblé.
La seconde nouvelle, probablement la meilleure de cet ouvrage se nomme “L’elfe et les égorgeurs”. On y suit un trouvère elfe visitant un château dévasté, dans lequel traîne une bande de soudards prêts à en découdre. Dans ce court récit, on se laisse absorber par le rythme et la différence de niveau de langue. D’un côté un elfe, troubadour, raffiné et sachant manier la langue. De l’autre des routiers, ivres de meurtres et de boissons parlant un langage grossier et rugueux. Cette dichotomie entre raffinement et brutalité donne une forme légère et teintée d’humour à un texte sur fond de guerre et de désolation.
“Profanation” est la troisième nouvelle de ce recueil. Elle narre le procès d’un meunier soupçonné de détrousser des cadavres sur les champs de bataille. Face à ses juges, des disciples du Desséché, l’accusé multiplie les mensonges et la mauvaise foi. Il tente de se sortir d’affaire devant un auditoire perdant patience devant ses pitreries. Cette histoire, à la fois cocasse et pleine de rebondissements nous montre le fonctionnement du train de civils suivant une armée. Elle montre aussi comment chacun fait ce qu’il peut pour s’en sortir. En filigrane, on en apprend plus sur le culte du Desséché et sur les moyens qu’il est prêt à mettre en œuvre pour gagner la guerre.
La quatrième nouvelle, “Désolation”, est un hommage complètement assumé à la Moria de Tolkien. On y suit une bande de nains, accompagnés de gnomes et d’ânes. Ils tentent de s’infiltrer dans la tanière d’un dragon sans se faire prendre, tout étant poursuivis par une armée de gobelins prêts à en découdre. On y retrouve tous les codes de la fantasy. Les nains sont bourrus, lents et endurants. Les gnomes sont peureux, serviles et malins et les gobelins quant à eux sont nombreux. On retrouve tout de même la patte de l’auteur dans les discours. Encore une fois on prend beaucoup de plaisir à comparer l’élocution des nains, fiers et féroces combattants à celle des gnomes, serviteurs zélés mais craintifs. Le twist final est une véritable surprise et montre encore une fois la cruauté du monde inventé par Jaworski.
La dernière nouvelle, “La troisième hypostase”, nous en apprend plus sur le fonctionnement de la magie, notamment elfique, dans le Vieux Royaume. On y suit Lusinga, une enchanteresse humaine initiée par un archimage elfe. Elle va devoir faire face à une menace inconnue tout en s’inquiétant pour ses compagnons. Ceux-ci luttent contre les disciples du Desséché dans une guerre lointaine. Cette nouvelle tragique est pleine de poésie et de mélancolie. On y retrouve encore une fois un arrière-goût de Tolkien avec des elfes détachés du monde décidant de rentrer dans leurs pénates plutôt que de rester et de combattre le mal.
Ce recueil, bien que concis, enrichit encore l’univers du Vieux Royaume. L’auteur explore de nouvelles facettes de ses races et de ses lieux, pour notre plus grand plaisir de lecteurs.