Cette histoire se déroule sur une planète fort lointaine en cours de terraformation. Après une enfance dans la brousse, Morgan est une chasseuse de xémons qui vit maintenant dans le havre de paix de Fairhaven avec sa colloc Annie. Grâce aux monstres que Morgan tue, Annie a monté un petit business de production de drogue. Lorsque sa chef lui conseille d’essayer une nouvelle application, Huntr, Morgan peut désormais chasser les monstres pour de l’argent, tout en continuant le petit trafic de drogue d’Annie.
« Ne traite pas mes clients de « junkies ». Ce sont d’authentiques esthètes de l’art de la défonce… »
Huntr est l’adaptation d’un podcast humoristique du site maximumfun.org écrit par Jordan Morris, auteur et podcaster américain. Cette origine se ressent à la lecture et les aventures de Morgan et de ses amis s’enchaînent à un rythme endiablé. L’humour est caustique et absurde. Cela n’empêche pas l’auteur de dresser une caricature de l’ère du tout connecté. Les jeunes traitent la chasse aux monstres comme un véritable sport. Ils se mettent en scène à coup de vêtements bariolés et de punchlines délirantes afin de gagner toujours plus d’étoiles et ainsi devenir le roi de la chasse. Les dessins de Tony Cliff se marient à merveille avec le scénario. Une histoire loufoque et très rythmée prend forme grâce à un trait qui met en avant le dynamisme plutôt que le réalisme.
« Mon nouveau régime est top. Au lieu de manger, j’inhale juste la vapeur de cuisson »
Pour propulser l’histoire, l’auteur met en scène quatre personnages principaux très stéréotypés. Morgan, l’héroïne qui s’ennuie ferme coincée dans la routine après une jeunesse à chasser les xémons. Van, ex-petit amie de Morgan, Huntr à succès et star des réseaux sociaux. Annie, chimiste à ses heures perdues, aime faire des expériences improbables à base de psychotropes. Et enfin Mitch, un ex d’Annie, livreur de pizza ingénu qui va se découvrir un pouvoir mystérieux. En plus de ces personnages, un important bestiaire de monstres donne vie à Fairhaven.
Dans ce premier tome de 128 pages, les auteurs prennent leur temps pour donner de la substance à l’histoire. Bien que manquant de cohérence, cet oeuvre est une ode à la pop culture truffée de références geek. Les scènes d’action s’enchaînent à un rythme soutenu et sont entrecoupées de dialogues où l’on découvre la vie et les états d’âmes de nos héros. Les scénaristes s’offrent même le luxe de respirations, inutiles pour l’instrigue mais essentielles pour nous permettre de nous attacher encore plus aux personnages.