Après mon précédent post sur la Maison des soleils et le vertige du temps long, j’ai l’impression de ne pas avoir rendu hommage à Alastair Reynolds en ne parlant que du temps qui passe. En effet, l’auteur est aujourd’hui l’un des héritiers du sense of wonder qui a fait les grandes heures de la science-fiction.

Le sense of wonder

Le sense of wonder (SoW), que l’on traduit parfois par émerveillement ou sens du merveilleux, est un effet Wahou! qu’on peut ressentir devant une lecture, un film, un jeu… C’est l’ivresse de la découverte, quand l’homme se rend compte qu’il n’est qu’une fourmi devant la taille d’un vaisseau spatial ou d’une lune. C’est aussi ce vertige de la révélation, quand on se retrouve face à l’impossible, à l’inimaginable. Si vous avez déjà posé un livre pour faire une pause, respirer un bon coup et relire le même passage, alors vous avez déjà ressenti le SoW.Même si ce sentiment n’est pas propre à la SF, c’est principalement dans ce genre que j’ai eu l’occasion de le vivre. Notamment quand ado je suis tombé sur les classiques de l’âge d’or dans des vieux cartons de mon père.

L’âge d’or de la SF

En france à partir des années 70, on a eu la chance d’avoir chez J’ai Lu un directeur de collection dont les fans de SF et de fantasy se souviennent encore aujourd’hui, Jacques Sadoul. Il a compilé un grand nombre d’anthologies de SF et de Fantasy, mais aussi de nombreux recueils de nouvelles avec notamment la collection “Les meilleurs récits de”. Je dois encore avoir dans ma bibliothèque Les Meilleurs récits de Weird Tales et Les Meilleurs récits d’Astounding stories. C’est grâce à ces livres que j’ai eu la chance de découvrir mes premiers pulps, mais aussi des histoires passionnantes des grands anciens de la SF. Que ce soit Arthur C. Clarke, A. E. Van Vogt, Jack Vance ou encore Philip K. Dick, je me rappelle encore ces découvertes et ce sentiment de vertige face à la nouveauté et à la conquête de nouveaux horizons.

Sa représentation chez Alastair Reynolds

Alastair Reynolds s’inscrit dans cette tradition du SoW mais en y apportant de la modernité. Contrairement à Clarke ou Asimov, je trouve que chez lui ce frisson de la découverte se manifeste grâce à une dimension poétique, parfois même mélancolique. Ses paysages ne sont pas seulement majestueux, on y découvre la présence d’ancienne civilisation, de mystère qui donne envie de les visiter. Que ce soit dans des déserts de dunes chantantes ou en traversant un système solaire à une vitesse proche de la lumière, cet émerveillement grandiose est toujours présent. Au travers de nombreuses descriptions l’auteur nous fait ressentir ce sentiment et nous donne envie de visiter ces contrées. De la même manière, quand on suit Zyma dans sa recherche de la forme d’art ultime, on parcourt l’univers pour découvrir des oeuvres défiant l’imagination, donnant le vertige.

Conclusion

Après mon précédent article sur le vertige du temps long, je pense qu’il était intéressant de parler de l’autre point fort d’Alastair Reynolds, sa capacité à manier le SoW. En digne héritier des grands maîtres de la SF moderne, il continue de nous faire rêver en explorant l’espace infini. Si vous souhaitez découvrir ce sentiment, je ne peux que vous recommander les traductions parus au Bélial.